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Je veux changer de maison

Cela fait 4 mois que Chouchoute est entrée dans notre vie. Nous sommes évidemment des parents comblés par ses gazouillis, ses sourires et son regard pétillant. Nous ne nous lassons pas de lui faire des câlins, de la prendre dans les bras ou en porte-bébé, de respirer son odeur de bébé et de partager tout ces petits moments qui filent à une vitesse phénoménale.

Mais ce n’est pas au goût de tout le monde. Oui, Louloute n’apprécie pas trop cette nouvelle relation naissante sous ses yeux. Dès le début elle a manifesté son mécontentement. Et il faut dire que c’est une petite fille qui s’exprime très bien, qui extériorise tout et qui ne mâche pas ses mots.

Sa vie vient d’être chamboulée par l’arrivée de sa soeur et son mal-être s’est traduit de plusieurs façons. Tout d’abord ce fut les crises de colère dès que j’avais Chouchoute dans les bras, puis la culpabilisation :

– « Quand tu lui donnes le biberon, personne n’est là pour me donner à manger ! »

– « Pourquoi Chouchoute se couche après moi ? C’est pas juste ! »

– « Je préfère qu’elle retourne à l’hôpital comme ça tu t’occuperas que de moi. »

– « De toute façon tu aimes plus Chouchoute, si c’est vrai, quand elle est dans tes bras c’est elle que tu préfères. »

– « Je préfère faire des bêtises car au moins tu t’occupes de moi quand j’en fais. »

Et j’en passe. Et si elle pouvait faire un peu mal à sa soeur elle ne s’en privait pas.

Louloute ne faisait que des bêtises, provoquait sans cesse :

– « Même pas vrai, même pas mal! »

– « De toute façon tu es obligée de le faire. »

– « Bah si tu dis ça, je vais changer de maman. »

Il est vrai que ma relation avec elle s’est retrouvée complètement bouleversée et j’en suis très touchée. Je suis responsable en grande partie. Avant, j’avais le temps de jouer, de répéter 50 fois les choses, de céder aux caprices (choses que je n’aurais jamais dû faire dès le départ), d’expliquer, de patienter… Mais avec deux enfants, et surtout avec un bébé, cela est moins évident. Donc du jour au lendemain je me suis mise à crier, voire hurler, à punir, à sévir. Louloute a vu mon comportement changer du jour au lendemain à son égard. Les phrases « je t’aime ma maman chérie » ont fait place à « tu es méchante, méchante, méchante !!!! ». Ça me blesse, elle le sait, et elle en joue aussi parfois. Pourtant, nous essayons de lui consacrer du temps individuellement, mais cela ne lui suffit évidemment pas.

A l’aide de notre pédiatre, de beaucoup de lecture (oui j’adore les livres de psycho pour enfant), et de quelques témoignages autour de moi, j’ai décidé de faire autrement que hurler. J’ai pratiqué l’indifférence face à certaines crises, du coup, voyant que cela ne fonctionnait pas, elle se calmait toute seule. Mais à force d’entendre des « je veux changer de maison« , j’ai décidé d’adopter une autre méthode. Ma soeur m’avait dit de ne pas prendre ses paroles trop à coeur car elle savait que ça me touchait, elle me conseilla de lui dire : « tu veux partir de la maison ? Bah commence par aller dans le couloir toute seule ». J’ai essayé, mais ça n’avait pas trop fonctionné. Une amie m’avait dit qu’avec son fils ce fut le même problème, du coup elle l’avait mis 5 secondes sur le pallier et depuis il était complètement calmé. Bon ça je n’ai pas osé.

Mais un soir à table, Louloute me regarde avec ses yeux noirs, ses sourcils froncés et me dit :

-« J’en ai marre, je veux changer de maison, je ne veux plus vivre avec vous ».

– C’est là que calmement, sans colère, très posée, j’ai répondu « Peut-être que tu en as marre de vivre avec papa ? »

– « Oui ».

– « Peut-être que tu en as marre de vivre avec maman ? »

– « Oui ».

– « Peut-être que tu ne veux plus vivre dans la même maison que ta soeur ? Tu veux vraiment changer de maison ? »

– « Oui ». Avec un ton un peu triste.

– « Puisque tu es si malheureuse, je te propose qu’on aille faire ta valise. »

– « D’accord… Mais là ? maintenant ? »

– « Bah oui, puisque tu veux changer de maison. Comme ça tu en trouveras une mieux. Non ? »

– « Oui mais pas tout de suite… » Je la sens triste et à la fois elle regrette tout ce qu’elle a dit auparavant.

– « Ok, pas ce soir. Réfléchis et tu me diras. »

Et depuis, son comportement a changé, les colères sont passées, enfin pas toutes elle reste une enfant de 4 ans. Mais elle ne cherche plus à se faire remarquer en étant insolente, elle est beaucoup plus gentille avec sa soeur, elle n’essaie plus de lui faire du mal, et elle lui raconte même des histoires. Il y a une nette amélioration. Ce sont des petites victoires au quotidien, ce n’est pas négligeable. Mais l’important c’est que Louloute se sente mieux et je ferai toujours tout pour.

Et vous, comment s’est passé l’arrivée du deuxième enfant ?

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Je veux rester ton bébé personnel

Un soir, alors que j’étais enceinte de 8 mois, ma Louloute de 4 ans toute triste est venue me voir pour me confier ses inquiétudes face à l’arrivée de sa petite sœur.

Elle a toujours voulu une petite sœur mais le jour où cela s’est concrétisé et plus mon ventre s’arrondissait, un sentiment d’ambivalence est apparu : le fameux « je suis contente mais un petit peu pas contente ».

C’est donc un soir qu’elle me dit : « maman, je ne veux pas que ma petite sœur naisse, je veux rester ton bébé personnel ». J’ai adoré cette expression qui signifie dans son langage « enfant unique ». J’ai souri mais tout de suite j’ai compris sa peur, celle d’être abandonnée par sa mère pour une autre petite fille. Je ne cache pas que cela m’a un peu attristé. Mais je lui ai expliqué que j’aurais adoré avoir une petite sœur. Avec elle, elle va pouvoir jouer, se disputer, avoir une complicité ou pas, partager des secrets.

Elle a manifesté ses craintes à plusieurs reprises :

–  » Maman, j’ai peur que ma petite sœur prenne tout ton cœur « .

–  » Mais non, mon cœur est assez grand pour vous deux, je peux partager tu sais « .

–  » Non, je ne veux pas partager. Stp maman, promets moi que tu ne l’aimeras pas, stp stp stp stp « .

–  » Euh non ce n’est pas possible « … crise de larmes de la Louloute.

Une autre fois :  » Maman, moi je voudrais naître en même temps que ma petite sœur, je voudrais retourner dans ton ventre stp et comme ça je vais renaître avec elle « . Euh beurk, je ne veux même pas imaginer la scène.

Mais le moment où j’ai vraiment compris son mal être c’est le jour où nous sommes revenues de la bibliothèque avec un livre sur l’anatomie. Il y avait sur une page le dessin d’une femme enceinte et il était dessiné un bébé relié par le cordon ombilical à sa mère. Louloute me demande :

– « Maman, c’est quoi le fil accroché au bébé ? »

– « C’est le cordon qui relie le bébé à la maman ».

– « C’est pour pas qu’il glisse ».

– « Oui aussi… ».

– « Et ma soeur aussi elle en a un ? »

– « Oui ».

– « Han, je voulais qu’elle glisse ».

En langage adulte cela ressemblerait au mot « fausse couche ». Mais je ne lui en veut pas du tout d’avoir prononcer ces paroles. Et je suis même contente d’avoir une petite fille qui communique facilement et m’explique ses craintes.

Il est tout à fait normal qu’elle ne comprenne pas encore qu’elle a bénéficié d’une exclusivité pendant 4 ans, chose que sa sœur ne connaîtra jamais. Louloute aura eu la primeur à tous les niveaux. Premier parc d’éveil, premier transat, première trotti’, premier vélo, premiers petits vêtements. Alors que sa soeur va tout récupérer derrière, bah oui c’est ça d’être number two, tu hérites tout du grand (enfin j’espère pas le tempérament ;-)).

Elle ne sait pas à quel point être enfant unique est pénible. Evidemment je parle de mon cas personnel. Pour ma part c’était des weekends à jouer toute seule parce que mon père ça le gonflait franchement de jouer à la barbie et ma mère travaillait tout le temps, je crois d’ailleurs qu’elle préfèrait être au travail, et le weekend elle n’avait pas forcément l’envie ni le temps de jouer non plus.

Les vacances en trio où tu t’emmerdes royalement et que tu dois suivre tes parents en fermant ta tronche, car oui tu es un enfant et tu n’as pas ton mot à dire (époque où l’on ne donnait pas la parole à l’enfant, où Dolto n’était pas à la mode pour mes parents).

Etre enfant unique, c’est aussi être souvent l’arbitre de tes parents quand ils s’engueulent, car pas foutus de se débrouiller seuls et comme tu es le seul témoin de toutes ces scènes c’est plus facile pour eux de t’utiliser comme arbitre, et tu en prends plein la tronche tout seul. Je ne parle même pas des effets de ces situations sur le long terme (avis et vécu personnel).

Etre enfant unique, c’est également supporter seul le chagrin quand l’un des parents décède. Alors qu’à deux, c’est beaucoup plus facile de se serrer les coudes en cas de malheur et d’avancer sans culpabiliser.

Alors oui ma fille, tu n’auras plus cette exclusivité, mais peut-être que grâce à nous, tu auras pleins de souvenirs quand tu seras à ton tour maman. Je ne peux pas te prédire que vous vous entendrez parfaitement mais je suis sûre que vous aurez des moments merveilleux à vivre ensemble.

 Et vous, avez-vous décidé de faire un enfant unique ?

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