Étiquette : Peur

Le coup de la tâche

Je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à ce que cela m’arrive, c’était un mois après le vol à l’arraché de mon téléphone.

Gonesse, dans le 95, il est 18h-19h, il fait nuit, j’ai rendez-vous chez le gynécologue. Je gare ma voiture et me dirige vers le cabinet médical à 2 minutes à pieds. Je sens un gars me suivre de près, trop près, et depuis ma mésaventure dans le RER je flippe. Je décide de traverser la rue par prudence. Il traverse aussi. Il se rapproche de plus en plus. Il m’interpelle : « Mademoiselle, Mademoiselle ! Vous avez une grosse tâche dans le dos, on dirait un très gros crachat » « Ah bon ? Bah merci de m’avoir prévenu » « Non mais attendez je vais vous aider c’est dans le bas du dos, venez avec moi, là-bas on sera plus tranquille ». L’endroit qu’il désigne ressemble à un porche menant à une allée déserte et sombre par l’obscurité. Je dis non et j’ai à peine le temps de lui dire que je vais me débrouiller qu’il prend un mouchoir, me frotte le dos de mon manteau, puis d’un coup le soulève, pour accéder au bas de mon dos. A ce moment je comprends ce qu’il est en train se passer. Je le remercie et par vite en prétextant être très attendu par un ami. 

Je marche très vite, le cabinet médical est tout proche. Je m’installe dans la salle d’attente, enlève mon manteau et constate qu’il n’avait aucune tâche, ni crachat, et là je réalise que si j’avais suivi le type sous le porche… Une succession d’images me traversent l’esprit. Je panique et ne veut pas retourner seule à ma voiture après mon rendez-vous de peur que le type ne soit de nouveau là. J’appelle chez mes parents, je tombe sur mon père : « Papa, est-ce que maman est rentrée ? » « Non, elle ne va pas tarder » « Dis lui qu’il faut absolument qu’elle me retrouve chez le gynécologue stp » « Tu as un problème ? » « Stp dis lui de venir ». Je n’ose pas lui en parler, je ne sais pas pourquoi, j’ai voulu que ce soit ma mère.

Ma mère arrive, elle me demande ce qu’il ne va pas, je ne réponds pas, je lui demande d’attendre qu’on rentre à la maison. Après le rendez-vous, nous sortons, le mec n’est plus là, mais moi je refuse de remettre mon manteau, je ne sais pas pourquoi mais ce mec m’a touché, je me sens mal, j’ai hyper froid mais je reste en pull. Arrivées à la maison, je raconte à mes parents ce qu’il s’est passé. Mon père respire sur le moment, il a cru que j’étais enceinte vu que j’appelais de chez le gynéco. Je pleure et demande à ce que mon manteau soit lavé.

J’ai eu la présence d’esprit de ne pas suivre cet individu dans la pénombre, que serait-il arrivé si je l’avais fait ?

Et vous, connaissez-vous cette technique ?

Jul’

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Au voleur !

Il y a 10 ans, j’habitais encore dans le département 95, une toute petite ville à côté de Gonesse. Pour me rendre à mon ancien travail situé au métro Passy dans le 16ème arrondissement de Paris, je devais prendre ma voiture, la garée au parking de la gare de Goussainville, prendre le RER D jusqu’à Gare de Lyon, prendre ensuite le RER A jusqu’à Charles-de-Gaulle-Etoile, puis prendre le métro ligne 6 jusqu’à la station Passy. Je mettais environ 1h30 quand tout allait bien.

Je faisais partie de ces gens qui ne soucis pas de téléphoner et d’envoyer des textos dans les transports en commun. Non, j’avais l’habitude de prendre le RER D, je connaissais bien les villes, même pas peur. Mais un jour en fin d’après-midi, il devait être 19h, je rentrais du taf, j’étais en conversation sur mon téléphone portable avec le connard du moment (oui parce qu’avant Mister j’ai eu pas mal de connards). Le RER D n’était pas direct et s’arrêtait à tous les arrêts.

Station de Garges-Les-Gonesse, je n’ai rien vu venir. Je suis assise dans le wagon, en bas (il y a un étage), il fait froid, c’est l’automne, je porte un manteau noir, un pantalon noir et des bottines à talons. J’ai ma tête collée à la fenêtre du côté gauche, de ma main droite je tiens mon téléphone en pleine conversation inintéressante avec le connard du moment. Le RER est à l’arrêt 1 minute à peine pour laisser entrer et descendre les voyageurs. D’un coup, venant de derrière moi, je me prend un coup sur la tempe, je sens une main me serrer la mienne pour prendre mon téléphone et au passage dans l’action m’arracher une mèche de cheveux. Je suis sonnée, ma tête à cogner la vitre. J’ai quand même le temps de lever la tête pour voir le mec se barrer. Il portait un jean, un sweat à capuche gris et par dessus un blouson noir.

Il n’est pas seul, face à moi un autre mec, habillé pareil. Il me regarde et regarde le sol. Je fais comme lui et constate que mon téléphone est par terre. L’autre en prenant la fuite l’a fait tomber. Deuxième face à face, il se penche et prend tranquillement mon téléphone. J’avais largement le temps de le récupérer, mais je me suis imaginée me prendre un coup de pied si je me baissais. J’ai préféré le laisser partir. Ils sont sortis du RER pour repartir sur le quai. Cette pratique est courante. Ils attendent sur le quai, repèrent les personnes avec des téléphones, rentrent et ressortent aussitôt.

Ca n’a duré que 30 secondes, tout s’est passé très vite, personne n’aurait pu réagir. Les portes du RER fermées, je fonds en larmes, choquée, des voyageurs viennent me voir, une dame me prend dans ses bras, un homme me tend son téléphone pour que j’appelle mes parents. Mon père décroche, je suis en pleurs : « Papa, je suis dans le RER, on m’a volé mon téléphone » « Oh c’est pas grave, ça peut arriver » « Je me suis pris une gifle et… » « Quoi ?! Comment ça ?! Tu es où ? J’arrive !!! ». Mon père avait beaucoup de défauts mais s’il y a bien une qualité que je lui reconnaîtrais c’est qu’il m’a toujours défendu, protégée des autres et qu’il aurait fait n’importe quoi à celui qui me ferait du mal.

Je descends finalement à Villiers-le-Bel, des flics m’attendent car des voyageurs les ont appelés. Ils me disent qu’il faut que je porte plainte et c’est tout. Mon père débarque en voiture, il roule hyper vite et freine brusquement. Il est en colère, très en colère, il hurle, il veut retrouver les mecs, moi j’ai peur, il me fait peur à s’emporter. Il s’énerve après les flics qui ne veulent pas aller à Garges-Les-Gonesse pour retrouver les gars. Une des flics dit à mon père de se calmer : « Oh ça va monsieur, on se calme, des vols comme ça ça arrive tous les jours, alors c’est bon là ». Cette réponse ne nous convient pas. Mon père crie de nouveau, et malheureusement, il sortait de table, mon père buvait pas mal, et là on peut dire qu’il sentait le pinard. Le flic dit à mon père : « Bon vous vous calmez sinon je vous embarque après un alcootest ! » « Moi tu vas m’embarquer ?! Tu es sûr là ?! ». Mon père se mettait à tutoyer le flic, je le suppliais d’arrêter, cela prenait une mauvaise tournure. Finalement mon père se calme et nous sommes rentrés.

J’ai refusé de porter plainte à Garges-Les-Gonesse, j’étais tellement sidérée par le discours des flics que j’ai préféré porter plainte à Paris 16ème où j’ai été mieux reçu et mieux prise en charge.

Depuis cette mésaventure, j’ai peur dans la rue quand quelqu’un s’approche trop prêt de moi ou lorsque j’entends une personne arrivée en courant derrière moi. Je sursaute à chaque fois et retiens mon sac. Par contre, rares sont les fois où je téléphone dans la rue dorénavant.

Et vous, avez-vous déjà vécu un vol à l’arraché ?

Jul’

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La trouille au volant

Cela fait maintenant 8 ans que je ne conduis plus, mais plus du tout. Alors que nombreux sont ceux qui peinent pour obtenir ce fameux sésame qu’est le permis de conduire, le mien se trouve dans le porte-feuille de Mister, lui servant de pièce d’identité à présenter en cas de retrait d’un colis à mon nom. Quelle est la raison qui fait que je suis une piétonne ?

J’ai obtenu mon permis il y a 12 ans (après deux échecs. La troisième c’est la bonne non ?). Pour pouvoir me le payer j’ai fait des frittes et nettoyer les chiottes du KFC de Saint-Denis (les jours de marché, sympa avec l’affluence hummm !). J’étais vraiment heureuse d’avoir ce petit papier rose, car enfin je pouvais sortir de mon village sans demander à mes parents de m’emmener à droite et à gauche. Étant au chômage, j’avais investi mes assedics pour m’acheter une petite voiture d’occaz’ : une clio, la première svp. Elle était belle, rose framboise, pare-chocs rabaissés, une voiture de tuning avec pot d’échappement Devil et caisson de basses de dingue dans le coffre. Ca, on m’entendait arriver. Une fois, un mec dans une soirée à Goussainville m’a dit : « Toi je ne te connais pas mais par contre ta caisse je la connais ».

Ouai, elle était trop bien. J’aimais la conduire, mais que sur des petites distances. Je n’ai jamais apprécié conduire dans Paris. Tous des fêlés dans cette capitale. Et puis, à l’époque j’aimais bien boire un peu quand je sortais (bon ok je me mettais des mines), du coup je préférais me faire conduire.

Puis un jour, je décroche un boulot, mon premier boulot d’assistante pédagogique dans un centre de formation à Cergy-Pontoise, 45 min de voiture de chez moi. Le premier mois se déroule bien, la période d’essai passe, et c’est là que les problèmes arrivent. Les directeurs de ce centre sont de vrais tyrans caractériels et sans respect (j’apprendrais par la suite que les personnes m’ayant précédées sont toutes parties au bout de quelques mois pour ces raisons). Je me faisais engueuler comme une petite fille devant son papa chaque jour pour tout et rien. J’avais peur de venir travailler, je n’avais pas encore ma grande gueule d’aujourd’hui, donc je me taisais.

Un matin, alors que je me dirigeais à mon travail, une sensation de malaise m’arrive au volant, la tête tourne, je suis obligée de prendre la première sortie pour m’arrêter un peu. Je pensais qu’il s’agissait seulement d’un petit malaise. Mais non, car ensuite chaque matin c’était le même rituel, toujours sur le trajet pour aller au travail. Jusqu’au jour où j’étais vraiment tétanisée à l’idée de conduire. J’avais peur d’aller au travail, peur de perdre conscience en conduisant, peur d’un accident. Je ne pouvais plus conduire. Je me souviens des paroles de mon père ce jour là : « Jul, remontes dans ta voiture, démarre et conduis ! Si tu ne le fais pas là, tu ne le referas plus jamais ! Ne laisses pas cette peur prendre le pas sur toi. » Et il avait raison car depuis je ne conduis plus.

Je n’ai plus confiance en moi. J’ai toujours cette crainte d’un malaise au volant, j’ai peur des accidents (pourtant pour le moment je n’en ai pas eu, euh je touche du bois, de la peau de singe, tout ce que tu veux). Chaque été je me remotive en me disant que je vais reprendre quelques cours de conduite histoire de me refaire la main, et je ne le fais pas. J’ai pourtant un ami de Mister qui est directeur d’auto-école et qui est prêt à m’aider. Mais voilà, j’ai peur. Je me sens prête à conduire en ville, mais pas sur le périph’, pas sur l’autoroute. Mister me dit : « si tu sais conduire en ville, tu sais conduire n’importe où ». Pas sûre, les attitudes de conduites ne sont pas les mêmes.

Pourtant, j’ai besoin de conduire, d’avoir à nouveau cette indépendance. Je suis dépendante de Mister, qui a l’impression d’être en permanence le taxi. C’est lui qui dépose Louloute à ses activités, lui qui nous emmène en sortie et à nos rdv médicaux. Bref, il faut que je trouve le courage de reprendre le volant, pour moi, pour mes filles.

Ceux qui me tiennent le discours « oh ça va, c’est dans ta tête tout ça » (oui merci je suis au courant) ne comprennent pas et pensent qu’il est facile d’enlever de sa tête une telle angoisse. Et ce n’est pas avec de telles phrases qu’on peut aider une personne angoissée. Mais il s’agit d’un long travail sur soi.

Alors mon objectif dès septembre, et je vais essayer de m’y tenir, est de prendre quelques heures de conduite pour reprendre confiance.

Et vous, pouvez-vous vous passer de conduire ?

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