cajoler

Tous les soirs avant de se coucher, c’est le même rituel : histoires, brossage de dents, au lit, un bisou sur le front, une petite chanson et hop bonne nuit. Mais cela ne suffit pas à Louloute. Elle me réclame de rester la cajoler, lui chanter une toute dernière fois la chanson parce qu’en fait elle ne l’a pas bien entendu la première fois. Je sens bien qu’elle a besoin de moi, quand on fait le compte je la croise 15 minutes à son réveil avant de filer au travail et je la retrouve seulement 2h30 le soir avant de plonger dans de doux rêves. Alors tous les soirs elle me supplie : « Maman stp, restes deux minutes en me donnant la main ». Je reste et jusqu’à présent j’écourtais les deux minutes en à peine une, parce que je suis fatiguée, parce que j’ai le rangement de la soirée dans la cuisine et le salon qui m’attend, parce que j’ai une lessive à faire sécher et tout un tas d’autres, mauvaises, raisons qui me fait râler quand elle me demande de rester et qui me fait dire : « Je ne reste pas longtemps j’ai encore pleins de choses à faire » « D’accord maman ».

Touille, du haut de ses deux ans et ne sachant pas encore beaucoup parler, ne s’attarde pas sur ce moment du soir. Par contre, elle me montre d’une autre manière à quel point elle a besoin de mon attention et de ma présence physique. Le soir, au retour de la crèche, elle me dit « allé maman » et me tire vers la petite bibliothèque pour en sortir des livres, elle me fait signe qu’elle veut que je lui lise. Mais il est 18h30, je pense à ce moment au bain qu’il faut lui donner, au repas qu’il faut cuisiner, aux vêtements qu’il faut préparer pour le lendemain, et je ne m’attarde pas sur ce moment qu’elle a besoin. Pourtant moi aussi j’en ai besoin.

Tous les jours je me dis « reste les deux minutes que Louloute te réclame, demain elle aura 15 ans et elle te virera de sa chambre et tout ces moments te manqueront ». Et aujourd’hui, plus que jamais, j’ai compris que je ne passerai plus à côté de ces deux minutes au coucher, ni à côté de ces instants d’attention que Touille me réclame malgré l’heure qui tourne. Hier soir, en allant chercher Touille à la crèche, je croise une maman que je trouve sympathique, elle est toujours souriante, elle a toujours un mot gentil, elle a une fille de 2 ans et deux garçons de 8 et 9 ans. Cela faisait pas mal de temps que je ne la voyais plus à la crèche, alors je lui demande « Bonjour, comment allez-vous ? Çà fait un moment que je ne vous croise plus » « Bah ça va mieux… on va mieux… vous savez que l’on vient de traverser un moment très difficile ? » « Non, pas du tout. Qu’est-ce-qui vous arrive ? » « Mon fils de 8 ans a fait un avc à l’école ». J’étais sous le choc, je lui ai pris la main, j’avais tellement de peine pour elle, en tant que maman. « Oh je suis si désolée pour vous. Comment va votre fils ? » « Il est à l’hôpital, on ne sait pas pour combien de temps, mais là déjà il va mieux il arrive de nouveaux à marcher ». J’ai si mal pour cette maman, elle est tellement positive, même dans cette douleur, je lui ai souhaité beaucoup de courage, je lui ai témoigné toute ma sympathie du mieux que j’ai pu.

En regardant Touille par le hublot de la porte de la crèche, je me suis promise de ne plus écourter les instants de jeux avec elle et de ne plus être sur mon téléphone portable en sa présence, d’avoir mon attention sur elle. Je me suis promise qu’au retour de Louloute de classe verte vendredi, je resterai les deux minutes qu’elle me demande, je resterai même plus et même si je suis crevée. Ces instants sont courts et on ne sait pas les apprécier quand ils se présentent car nous avançons comme des robots : métro, boulot, corvées, dodo. Alors tant pis si le repas n’est pas prêt à l’heure prévue, tant pis si la maison est parfois en bordel, j’aime mes filles et je veux qu’elles sentent à quel point elles comptent plus que tout au monde.

Jul’

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