Étiquette : Soeur

On a fait un enfant – chapitre 2

A Chouchoute (bah quoi ? je l’ai fait pour Louloute, pas de jalouse)

Mon frère et ma soeur ayant 15 ans de plus que moi, on peut dire que j’ai été élevée comme un enfant unique. De cette expérience personnelle, j’en tire du bon et du mauvais. Le bon c’est qu’il y en a que pour toi matériellement et que toute l’attention est sur toi. Le mauvais … qu’est-ce que tu t’emmerdes ! Tu joues seule, tu te chamailles seule et les vacances seule avec tes parents ne sont pas des plus funs. Il était donc hors de question que je suive ce schéma.

Louloute avait 3 ans quand j’ai abordé sérieusement le sujet « d’un petit deuxième » avec Mister. Et là, je sens Mister en mode panique pour la seconde fois :

– « Là, tout de suite ? »

– « Bah oui, Louloute a déjà 3 ans et puis j’en ai envie. Pas toi ? »

– « Si, si, un jour… Mais là on est bien comme ça. On a trouvé un rythme de croisière à trois. Tu as envie toi de retourner dans les couches, les biberons et les nuits courtes ? Tu veux pas attendre encore ? »

– « Si, si, on peut attendre. Mais on va tellement attendre qu’on n’aura même plus le courage de retourner dans les couches. En fait, tu n’es pas prêt ? »

– « Non, je ne suis pas prêt. Et puis, on est encore dans le F2. On va le mettre où cet enfant ? »

– « On est en mai et on déménage en juillet… Un autre argument ? »

– « Bon on en reparle plus tard ».

Et finalement, sans forcer la main, nous avons gentiment déménagé et décidé de mettre en route notre deuxième enfant.

Un matin du mois de septembre, dans mon lit, allongée sur le dos, les deux mains jointes appuyées fortement sur le ventre, je me réveille subitement. J’ouvre les yeux et je dis « je suis enceinte« . Je ne sais pas pourquoi, j’en étais sûre, et je m’étais réveillée hyper heureuse. Je n’avais aucun retard de règles ni aucun symptôme de grossesse, mais j’en étais convaincue et cela ne pouvait être autrement. C’est une sensation que je n’oublierai jamais.

Le 9 octobre 2013 je fais un test, j’en ai assez je veux savoir. Au bout de 2 min le test paraît négatif. Je sors des toilettes presque en pleurs tellement j’étais persuadée d’être enceinte. Je reviens au bout de 30 min pour jeter le test et là… surprise le test est positif ! Je pars faire une prise de sang pour avoir la confirmation. Le résultat en main, je le prend en photo avec mon téléphone et l’envoie à Mister. La réponse : « Formidable, je t’aime ».

Et c’était partie pour une deuxième aventure. Une nouvelle grossesse car celle-ci n’a ressemblé en rien à la première : 3 mois de nausées et de malaises, très grosses fringales de fruits exotiques, de pamplemousse, cornichons et anchois, Louloute bougeait seulement le jour, Chouchoute c’était la nuit avec des périodes de hoquet incessantes, et des eruptions cutanées sur tout le corps (mmmh sexy chocolat hein ?!). Je suis arrêtée au bout de 5 mois tellement les démangeaisons sont importantes.

Chez moi, je profitais tranquillement de cette dernière grossesse (oui oui pas de numéro 3). Je bullais devant l’une de mes séries préférées : le destin de Lisa (même pas honte). J’en ai profité pour créer ce blog, faire des bons petits plats (j’ai pris 20kg) et m’occuper de ma Louloute en exclusivité, car je réalisais vraiment que nous vivions nos derniers mois à 3, avec un enfant unique.

A 8 mois de grossesse, lors de mon rdv mensuel, la sage-femme m’apprend que j’ai déjà le col ouvert à 1cm et que du coup je peux accoucher dans les deux semaines qui arrivent, mais aussi que la miss n’était pas encore retournée, qu’elle était en position du lotus : 

– « Ok, et il faut faire quoi pour que la miss trouve la sortie ? « 

– « Vous mettre à quatre pattes et avancer  comme ça 10 min par jour pendant un mois ».

Imaginez ma tronche quand elle m’a dit ça et imaginez-moi maintenant faisant du quattre pates enceinte, 70kg sur les genoux et les mains… Bah je l’ai fait, un soir où Mister n’était pas présent, c’était déjà bien assez ridicule comme ça je n’avais pas en plus besoin de public. Les genoux éclatés, j’ai fait le tour du salon et de la cuisine. Ri-di-cu-le lol.

Et cette nuit là, je ressens une douleur dans le ventre, j’étais très gênée, ça me faisait mal. Le lendemain, j’avais de nouveau rdv à l’hôpital pour une nouvelle écho. Verdict : la miss était retournée ! Super, parce que je n’ose même pas imaginer l’état de mes genoux si j’avais fait cette promenade pendant un mois.

Le dernier mois se passe et je n’ose plus bouger de la maison, je ne veux pas qu’elle arrive avant le terme. Je sais aussi que c’est la dernière fois que je ressens cette sensation, que je porte la vie, que je la sens bouger en moi, je veux la garder le plus longtemps possible. Pari gagné car le jour du terme… personne à l’horizon, même pas une contraction. J’ai rdv 2 jours après à l’hôpital pour un éventuel déclenchement. Hors de question ! Je veux que ma fille naisse de manière naturelle.

J’arrive le 22 juin à 10h30 à l’hôpital, on me propose de me déclencher, je refuse ! Ok, la sage-femme me demande de marcher jusqu’à 12h dans l’enceinte de l’hôpital et de revenir. Je marche, marche, marche, rien pas de contractions. Je reviens à 12h, de nouveau une proposition de déclenchement, non ! On me demande de marcher encore jusqu’à 16h. Je marche, piétine, je suis épuisée, Mister s’endort sur les sièges de l’hôpital. Au fond de moi, je ne veux pas accoucher, je veux la garder en moi, je ne veux pas perdre cette symbiose. A 16h, la sage-femme m’annonce que de toute façon elle ne me laissera pas partir. Elle me propose de prendre un bain pour me détendre et ensuite on me déclenchera. 18h00, je prends donc un bain pendant 1h, j’en ai assez, je suis triste qu’on veuille me déclencher mais bon faut y aller là. Je me lève et… youpi !!! Poche des eaux rompue.

Tout s’accélère, des contractions violentes surviennent d’un coup. A peine le temps de récupérer mon souffle entre deux contractions. Elles sont douloureuses, je pleure, je crie, c’est intense. Péridurale, faiblement dosée à ma demande. On m’examine, Chouchoute n’a pas tournée sa tête dans le bon sens. On me demande de me mettre à quatre pattes (encore), je n’y arrive pas et je m’entends dire « faites un effort ! ». Hein ???? T’es au courant Madame que j’ai le bas du corps anesthésié, que je ne sens pas mes membres !!!! Chouchoute se retourne, elle arrive, et vite même, en 4 minutes. J’avais mal mais je suis heureuse d’avoir tout ressenti pour ce dernier accouchement. Mister a supporté ma mauvaise humeur, m’a aspergé d’eau pendant tout le travail, a eu un bras scarifié tellement mes douleurs étaient intenses.

Ce dimanche 22 juin 2014 à 20h22, j’étais en pleurs quand je t’ai vu posée sur mon ventre, tu avais les yeux bien ouverts et nous nous sommes regardées pendant des heures sans parler. Tu es le deuxième bonheur de ma vie.

Rendez-vous sur Hellocoton !

Je veux rester ton bébé personnel

Un soir, alors que j’étais enceinte de 8 mois, ma Louloute de 4 ans toute triste est venue me voir pour me confier ses inquiétudes face à l’arrivée de sa petite sœur.

Elle a toujours voulu une petite sœur mais le jour où cela s’est concrétisé et plus mon ventre s’arrondissait, un sentiment d’ambivalence est apparu : le fameux « je suis contente mais un petit peu pas contente ».

C’est donc un soir qu’elle me dit : « maman, je ne veux pas que ma petite sœur naisse, je veux rester ton bébé personnel ». J’ai adoré cette expression qui signifie dans son langage « enfant unique ». J’ai souri mais tout de suite j’ai compris sa peur, celle d’être abandonnée par sa mère pour une autre petite fille. Je ne cache pas que cela m’a un peu attristé. Mais je lui ai expliqué que j’aurais adoré avoir une petite sœur. Avec elle, elle va pouvoir jouer, se disputer, avoir une complicité ou pas, partager des secrets.

Elle a manifesté ses craintes à plusieurs reprises :

–  » Maman, j’ai peur que ma petite sœur prenne tout ton cœur « .

–  » Mais non, mon cœur est assez grand pour vous deux, je peux partager tu sais « .

–  » Non, je ne veux pas partager. Stp maman, promets moi que tu ne l’aimeras pas, stp stp stp stp « .

–  » Euh non ce n’est pas possible « … crise de larmes de la Louloute.

Une autre fois :  » Maman, moi je voudrais naître en même temps que ma petite sœur, je voudrais retourner dans ton ventre stp et comme ça je vais renaître avec elle « . Euh beurk, je ne veux même pas imaginer la scène.

Mais le moment où j’ai vraiment compris son mal être c’est le jour où nous sommes revenues de la bibliothèque avec un livre sur l’anatomie. Il y avait sur une page le dessin d’une femme enceinte et il était dessiné un bébé relié par le cordon ombilical à sa mère. Louloute me demande :

– « Maman, c’est quoi le fil accroché au bébé ? »

– « C’est le cordon qui relie le bébé à la maman ».

– « C’est pour pas qu’il glisse ».

– « Oui aussi… ».

– « Et ma soeur aussi elle en a un ? »

– « Oui ».

– « Han, je voulais qu’elle glisse ».

En langage adulte cela ressemblerait au mot « fausse couche ». Mais je ne lui en veut pas du tout d’avoir prononcer ces paroles. Et je suis même contente d’avoir une petite fille qui communique facilement et m’explique ses craintes.

Il est tout à fait normal qu’elle ne comprenne pas encore qu’elle a bénéficié d’une exclusivité pendant 4 ans, chose que sa sœur ne connaîtra jamais. Louloute aura eu la primeur à tous les niveaux. Premier parc d’éveil, premier transat, première trotti’, premier vélo, premiers petits vêtements. Alors que sa soeur va tout récupérer derrière, bah oui c’est ça d’être number two, tu hérites tout du grand (enfin j’espère pas le tempérament ;-)).

Elle ne sait pas à quel point être enfant unique est pénible. Evidemment je parle de mon cas personnel. Pour ma part c’était des weekends à jouer toute seule parce que mon père ça le gonflait franchement de jouer à la barbie et ma mère travaillait tout le temps, je crois d’ailleurs qu’elle préfèrait être au travail, et le weekend elle n’avait pas forcément l’envie ni le temps de jouer non plus.

Les vacances en trio où tu t’emmerdes royalement et que tu dois suivre tes parents en fermant ta tronche, car oui tu es un enfant et tu n’as pas ton mot à dire (époque où l’on ne donnait pas la parole à l’enfant, où Dolto n’était pas à la mode pour mes parents).

Etre enfant unique, c’est aussi être souvent l’arbitre de tes parents quand ils s’engueulent, car pas foutus de se débrouiller seuls et comme tu es le seul témoin de toutes ces scènes c’est plus facile pour eux de t’utiliser comme arbitre, et tu en prends plein la tronche tout seul. Je ne parle même pas des effets de ces situations sur le long terme (avis et vécu personnel).

Etre enfant unique, c’est également supporter seul le chagrin quand l’un des parents décède. Alors qu’à deux, c’est beaucoup plus facile de se serrer les coudes en cas de malheur et d’avancer sans culpabiliser.

Alors oui ma fille, tu n’auras plus cette exclusivité, mais peut-être que grâce à nous, tu auras pleins de souvenirs quand tu seras à ton tour maman. Je ne peux pas te prédire que vous vous entendrez parfaitement mais je suis sûre que vous aurez des moments merveilleux à vivre ensemble.

 Et vous, avez-vous décidé de faire un enfant unique ?

Rendez-vous sur Hellocoton !