Étiquette : Angoisse

Ne pas lui cacher

C’est ce que nous avons choisi ce samedi 14 novembre 2015 suite aux attentats du vendredi 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis. Louloute a 5 ans et demi, de bonnes oreilles et est très attentive à tout ce qui l’entoure. Je ne vais pas dire ici s’il faut expliquer ou pas ces évènements à nos enfants, je vais juste vous dire pourquoi moi j’ai choisi de tout de suite lui en parler.

Jusqu’au mois de janvier 2015, j’avais toujours préservé Louloute des informations télévisées, il y a trop d’images qui ne sont pas adaptées à son âge, elle a bien le temps de voir toute la misère du monde. De plus, je voulais préserver son innocence, la mettre sous une cloche en sorte. Mais en même temps, je n’ai jamais voulu qu’elle pense que nous vivons dans un monde de Bisounours. D’ailleurs je réponds à toutes ses questions quand elle voit par exemple un SDF dans la rue ou quand je lui explique que beaucoup de familles ne peuvent pas offrir des jouets à leurs enfants. Je ne lui tiens pas de discours culpabilisant non plus, elle n’a pas à supporter la misère du monde sur ses épaules. Mais elle doit prendre conscience que la vie a des angles durs.

Quand est arrivé le tragique attentat contre Charlie Hebdo, encore une fois nous avions souhaité protéger notre fille en coupant la télévision et en faisant attention à nos propos. Là fut mon erreur, je n’avais pas prévu que l’école organiserait en maternelle une minute de silence. Je l’ai su trois jours après, c’est tombé comme un cheveu sur la soupe. Dans la voiture Louloute nous a dit : « L’autre jour à midi on a fait une minute de silence parce que des méchants policiers ont tué des gens qui faisaient des dessins ». Nous avons échangé un regard avec Mister et à ce moment nous nous sommes dit qu’il fallait lui expliquer un minimum la situation car elle avait tout compris de travers. Le lendemain, à l’école, j’ai demandé aux personnes qui ont organisé cette minute de silence pourquoi ils ne l’avaient pas dit aux parents le soir quand nous venions récupérer nos enfants, non pas que cela m’a dérangé, pas du tout, mais au moins j’aurais pu avoir la version des enseignants pour ajuster mes propos, car entre-temps Louloute avait tout confondu pendant trois jours.

C’est donc naturellement et avec des mots très simples, que ce samedi 14 novembre au matin nous avons expliqué à Louloute ce qui venait de se produire : « Tu te souviens la minute de silence que tu as fait à l’école ? Et bien lundi tu vas sûrement devoir respecter cette consigne de nouveau, car cette nuit à Paris il y a eu des gens très exceptionnellement méchants qui ont fait beaucoup de mal à beaucoup de personnes gentilles, mais ne t’inquiètes pas les policiers les ont tués. Eux ne feront plus de mal » « Est-ce qu’ils étaient dans notre ancien quartier ou celui de mamie ? »  « Pas à cet endroit mais quand même à Paris ». Par contre, je n’ai pas insisté car Louloute est du genre à ne plus vouloir aller dans un endroit quand elle le craint vraiment. Je l’ai invité à venir me poser toutes les questions qu’elle souhaite et à n’importe quel moment.

Et vous, avez-vous choisi d’en parler avec vos enfants ?

Jul’

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C’est l’angoisse

Depuis la mort de mon père, il y a 5 ans et demi, j’ai développé des crises d’angoisses dont l’intensité peut varier. D’une nature déjà angoissée et stressée, je suis une jeune femme plus sensible à la contrariété et lorsque je n’exprime pas ces contrariétés ou ces craintes oralement, mon corps réagit pour s’exprimer de lui-même.

J’ai vécu une période très difficile après le décès de mon père, les crises d’angoisses sont montées crescendo durant deux ans. Cela a commencé par des crises de tremblements puis de raidissements, on appelle cela des crises de tétanies. Mes membres se tétanisaient, ma mâchoire se serrait, j’avais l’impression de perdre le contrôle de mon corps et de mourir. Pour calmer ces crises, j’ai du prendre des cachets de Lysanxia, à faible dose heureusement, mais cela permettait d’apaiser rapidement les crises en 30 minutes. Au préalable, Mister appelait à chaque fois le SAMU, pour qu’un médecin me calme au téléphone. On doit connaître mon numéro par coeur. Puis, sous l’effet du cachet, me rendant un peu groggy, Mister me lisait une histoire Disney de notre Louloute pour m’endormir. Ca paraît ridicule, mais sans ces histoires je ne m’endormais pas. Ces crises sont difficiles pour moi mais aussi pour Mister, qui se sent démuni face à ça, et je pense que ce doit être dur pour lui de me voir ainsi. Cette réaction se fait plus rare, cela m’arrive deux à trois fois dans l’année contre trois à quatre fois par semaine il y a 5 ans.

Après les crises de tremblements, j’ai ensuite eu des crises d’étouffement. Cela se traduit par la gorge qui me gratte, le cou devient rouge, un excès de salivation qui fait que je tousse beaucoup avec des glaires coincés dû à l’excès de salivation. Cette crise peut durer des heures. C’est une sensation très désagréable. Cela m’arrive encore d’avoir ce genre de crise mais j’arrive mieux à les maîtriser, elles durent moins longtemps.

Ensuite, durant ma seconde grossesse, j’ai développé une autre forme de somatisation. Toutes les pensées négatives, les craintes et les contrariétés que j’ai enfoui en moi sont ressortis sur mon corps. J’ai eu des plaques de boutons qui démangeaient sur tous le corps sauf sur le visage. Je devais même parfois me lever en pleine nuit pour prendre une douche froide sur mes jambes pour arrêter l’envie de me démanger. Un dermatologue m’a dit qu’il s’agissait certainement d’un lichen plan. C’est une maladie inflammatoire touchant la peau liée au stress. Avec la sérénité suite à la naissance de Chouchoute, les plaques se sont dissipées sauf à deux endroits. Il me reste une plaque sur un tibia et un peu dans le cuir chevelu. Dès que j’évoque un sujet qui me stresse, je me gratte intensément le tibia parfois jusqu’au sang.

Depuis que nous sommes revenus de nos vacances au Lac d’Annecy, je fais parfois des crises d’angoisses, souvent le soir. Elles sont difficiles à gérer et m’effraient. J’ai la gorge qui se noue, qui se serre, j’ai l’impression que je vais étouffer, un point fort me fait mal entre la poitrine. Il me faut beaucoup de concentration, de distraction et de respiration pour les faire passer. Je déteste quand elle arrive car j’ai l’impression que je vais mourir.

Je ne prends plus de médicaments depuis la grossesse de Chouchoute, je ne veux plus en prendre car les crises interviennent heureusement moins souvent et il y a un risque de dépendance, je l’ai été à un moment donné. La seule chose qu’il me faut pour que cela passe c’est un bol d’air et me coucher. Mais quand ça m’arrive au travail c’est difficile d’aller me reposer, et puis j’essaie de ne pas le crier sur les toits.

Vous l’aurez compris, je suis une grande angoissée, j’aimerais que cela cesse, si je pouvais trouver la formule magique… Et ça ne sert à rien de me dire « Mais c’est dans ta tête tout ça ! », oui merci je sais mais c’est pas ainsi que ça se soigne. C’est très contraignant de vivre ainsi, car dès que je sors au restaurant, en soirée avec des amis ou quand je suis au travail, j’ai peur que cela m’arrive, et l’angoisse amène les crises, ça devient un cercle vicieux car j’ai peur d’avoir peur. Par contre, j’ai réussi à ne jamais faire de crises devant mes filles, je pars dans ma chambre s’il le faut, mais Mister, lui il se prend tout ça en pleine face, c’est épuisant pour lui aussi psychologiquement.

Et vous, faites-vous des crises d’angoisses et avez-vous réussi à les arrêter ?

Jul’

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Le coup de la tâche

Je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à ce que cela m’arrive, c’était un mois après le vol à l’arraché de mon téléphone.

Gonesse, dans le 95, il est 18h-19h, il fait nuit, j’ai rendez-vous chez le gynécologue. Je gare ma voiture et me dirige vers le cabinet médical à 2 minutes à pieds. Je sens un gars me suivre de près, trop près, et depuis ma mésaventure dans le RER je flippe. Je décide de traverser la rue par prudence. Il traverse aussi. Il se rapproche de plus en plus. Il m’interpelle : « Mademoiselle, Mademoiselle ! Vous avez une grosse tâche dans le dos, on dirait un très gros crachat » « Ah bon ? Bah merci de m’avoir prévenu » « Non mais attendez je vais vous aider c’est dans le bas du dos, venez avec moi, là-bas on sera plus tranquille ». L’endroit qu’il désigne ressemble à un porche menant à une allée déserte et sombre par l’obscurité. Je dis non et j’ai à peine le temps de lui dire que je vais me débrouiller qu’il prend un mouchoir, me frotte le dos de mon manteau, puis d’un coup le soulève, pour accéder au bas de mon dos. A ce moment je comprends ce qu’il est en train se passer. Je le remercie et par vite en prétextant être très attendu par un ami. 

Je marche très vite, le cabinet médical est tout proche. Je m’installe dans la salle d’attente, enlève mon manteau et constate qu’il n’avait aucune tâche, ni crachat, et là je réalise que si j’avais suivi le type sous le porche… Une succession d’images me traversent l’esprit. Je panique et ne veut pas retourner seule à ma voiture après mon rendez-vous de peur que le type ne soit de nouveau là. J’appelle chez mes parents, je tombe sur mon père : « Papa, est-ce que maman est rentrée ? » « Non, elle ne va pas tarder » « Dis lui qu’il faut absolument qu’elle me retrouve chez le gynécologue stp » « Tu as un problème ? » « Stp dis lui de venir ». Je n’ose pas lui en parler, je ne sais pas pourquoi, j’ai voulu que ce soit ma mère.

Ma mère arrive, elle me demande ce qu’il ne va pas, je ne réponds pas, je lui demande d’attendre qu’on rentre à la maison. Après le rendez-vous, nous sortons, le mec n’est plus là, mais moi je refuse de remettre mon manteau, je ne sais pas pourquoi mais ce mec m’a touché, je me sens mal, j’ai hyper froid mais je reste en pull. Arrivées à la maison, je raconte à mes parents ce qu’il s’est passé. Mon père respire sur le moment, il a cru que j’étais enceinte vu que j’appelais de chez le gynéco. Je pleure et demande à ce que mon manteau soit lavé.

J’ai eu la présence d’esprit de ne pas suivre cet individu dans la pénombre, que serait-il arrivé si je l’avais fait ?

Et vous, connaissez-vous cette technique ?

Jul’

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