Étiquette : Angoisse

Au voleur !

Il y a 10 ans, j’habitais encore dans le département 95, une toute petite ville à côté de Gonesse. Pour me rendre à mon ancien travail situé au métro Passy dans le 16ème arrondissement de Paris, je devais prendre ma voiture, la garée au parking de la gare de Goussainville, prendre le RER D jusqu’à Gare de Lyon, prendre ensuite le RER A jusqu’à Charles-de-Gaulle-Etoile, puis prendre le métro ligne 6 jusqu’à la station Passy. Je mettais environ 1h30 quand tout allait bien.

Je faisais partie de ces gens qui ne soucis pas de téléphoner et d’envoyer des textos dans les transports en commun. Non, j’avais l’habitude de prendre le RER D, je connaissais bien les villes, même pas peur. Mais un jour en fin d’après-midi, il devait être 19h, je rentrais du taf, j’étais en conversation sur mon téléphone portable avec le connard du moment (oui parce qu’avant Mister j’ai eu pas mal de connards). Le RER D n’était pas direct et s’arrêtait à tous les arrêts.

Station de Garges-Les-Gonesse, je n’ai rien vu venir. Je suis assise dans le wagon, en bas (il y a un étage), il fait froid, c’est l’automne, je porte un manteau noir, un pantalon noir et des bottines à talons. J’ai ma tête collée à la fenêtre du côté gauche, de ma main droite je tiens mon téléphone en pleine conversation inintéressante avec le connard du moment. Le RER est à l’arrêt 1 minute à peine pour laisser entrer et descendre les voyageurs. D’un coup, venant de derrière moi, je me prend un coup sur la tempe, je sens une main me serrer la mienne pour prendre mon téléphone et au passage dans l’action m’arracher une mèche de cheveux. Je suis sonnée, ma tête à cogner la vitre. J’ai quand même le temps de lever la tête pour voir le mec se barrer. Il portait un jean, un sweat à capuche gris et par dessus un blouson noir.

Il n’est pas seul, face à moi un autre mec, habillé pareil. Il me regarde et regarde le sol. Je fais comme lui et constate que mon téléphone est par terre. L’autre en prenant la fuite l’a fait tomber. Deuxième face à face, il se penche et prend tranquillement mon téléphone. J’avais largement le temps de le récupérer, mais je me suis imaginée me prendre un coup de pied si je me baissais. J’ai préféré le laisser partir. Ils sont sortis du RER pour repartir sur le quai. Cette pratique est courante. Ils attendent sur le quai, repèrent les personnes avec des téléphones, rentrent et ressortent aussitôt.

Ca n’a duré que 30 secondes, tout s’est passé très vite, personne n’aurait pu réagir. Les portes du RER fermées, je fonds en larmes, choquée, des voyageurs viennent me voir, une dame me prend dans ses bras, un homme me tend son téléphone pour que j’appelle mes parents. Mon père décroche, je suis en pleurs : « Papa, je suis dans le RER, on m’a volé mon téléphone » « Oh c’est pas grave, ça peut arriver » « Je me suis pris une gifle et… » « Quoi ?! Comment ça ?! Tu es où ? J’arrive !!! ». Mon père avait beaucoup de défauts mais s’il y a bien une qualité que je lui reconnaîtrais c’est qu’il m’a toujours défendu, protégée des autres et qu’il aurait fait n’importe quoi à celui qui me ferait du mal.

Je descends finalement à Villiers-le-Bel, des flics m’attendent car des voyageurs les ont appelés. Ils me disent qu’il faut que je porte plainte et c’est tout. Mon père débarque en voiture, il roule hyper vite et freine brusquement. Il est en colère, très en colère, il hurle, il veut retrouver les mecs, moi j’ai peur, il me fait peur à s’emporter. Il s’énerve après les flics qui ne veulent pas aller à Garges-Les-Gonesse pour retrouver les gars. Une des flics dit à mon père de se calmer : « Oh ça va monsieur, on se calme, des vols comme ça ça arrive tous les jours, alors c’est bon là ». Cette réponse ne nous convient pas. Mon père crie de nouveau, et malheureusement, il sortait de table, mon père buvait pas mal, et là on peut dire qu’il sentait le pinard. Le flic dit à mon père : « Bon vous vous calmez sinon je vous embarque après un alcootest ! » « Moi tu vas m’embarquer ?! Tu es sûr là ?! ». Mon père se mettait à tutoyer le flic, je le suppliais d’arrêter, cela prenait une mauvaise tournure. Finalement mon père se calme et nous sommes rentrés.

J’ai refusé de porter plainte à Garges-Les-Gonesse, j’étais tellement sidérée par le discours des flics que j’ai préféré porter plainte à Paris 16ème où j’ai été mieux reçu et mieux prise en charge.

Depuis cette mésaventure, j’ai peur dans la rue quand quelqu’un s’approche trop prêt de moi ou lorsque j’entends une personne arrivée en courant derrière moi. Je sursaute à chaque fois et retiens mon sac. Par contre, rares sont les fois où je téléphone dans la rue dorénavant.

Et vous, avez-vous déjà vécu un vol à l’arraché ?

Jul’

Rendez-vous sur Hellocoton !

Toi toi mon Toit

Je suis une angoissée, tous ceux qui me connaissent et me côtoient le savent. Parmi mes nombreuses angoisses, il y a une crainte qui ne me quitte pas depuis environ 10 ans, celle de ne plus avoir de toit au-dessus de ma tête. Je pense que cette crainte vient d’un travail que j’ai réalisé lors de mes études à la fac. J’étais en licence en sciences de l’éducation, je devais faire, en binôme, un exposé en cours de sociologie de l’éducation sur les jeunes en difficultés à partir du livre « Les nomades du vide » de François Chobeaux. Ce livre est une étude menée entre 1991 et 1995. Il décrit la vie de jeunes en rupture sociale, qui revendiquent leurs statuts de jeunes en errance et qui légitiment leurs actes par ce statut. Ce livre propose également des solutions d’accompagnement et des actions de prévention. Avec mon binôme, nous avions conclu notre exposé en proposant un débat à partir d’un autre livre « Les naufragés, avec les clochards de Paris » de Patrick Declerck, anthropologue, psychanalyste et ethnographe. Son travail est essentiellement tourné vers des questions de désocialisation, d’errance et des sans-abris. Il a d’ailleurs crée la première consultation d’écoute pour les sans domicile fixe. Son livre témoigne du quotidien des clochards de Paris, entre la mendicité, les maladies et les lieux d’accueil. Après avoir lu ces deux livres, je suis restée pleines de questions, de doutes, d’incertitude. Ces livres m’ont profondément marqué.

Le jour où j’ai, enfin, pris la décision de quitter le domicile parental, j’ai eu peur. J’avais trouvé un studio à Paris 15ème et je craignais de ne pas réussir à payer mon loyer et à gérer financièrement les factures seules. Mais mon père m’avait dit qu’il fallait se lancer sinon je n’arriverais jamais à passer le cap (parfois il avait des paroles sages). Et effectivement, je m’en suis sortie toute seule et sans embûche.

Aujourd’hui, je n’ai pas la crainte de ne pas pouvoir payer mon loyer, j’ai plus une crainte pour l’avenir. J’ai peur, le jour où je serais à la retraite (si j’en ai une), de ne pas pouvoir assurer financièrement et me retrouver comme beaucoup de personnes âgées qui ont travaillé durement toute leur vie, qui ne peuvent même pas payer leur loyer et vivre normalement. J’ai peur de risquer d’être dans cette situation si je ne deviens pas propriétaire. Peur de me retrouver à la rue. C’est d’ailleurs sûrement pour cette raison que je cherche par tous les moyens à devenir propriétaire que ce soit d’une maison pour habitation principale ou de vacances. Je cherche la sécurité par un projet immobilier. De plus, je ne me vois pas ne rien laisser à mes filles plus tard, le jour où Mister et moi ne serons plus de la partie.

Beaucoup pensent que je vois loin, beaucoup trop loin, mais tout va tellement vite, si nous n’assurons pas nos arrières aujourd’hui… Je ne veux pas être propriétaire à n’importe quel prix non plus mais je pense qu’il est nécessaire, voir presque indispensable de nos jours, d’accéder à la propriété quelle qu’elle soit.

Et vous, envisagez-vous d’accéder à la propriété par sécurité ?

Rendez-vous sur Hellocoton !