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Le défi du réveil

Parents d’enfants de plus de trois ans, si vous lisez cet article vous vous sentirez peut-être concernés, tout du moins je l’espère je me sentirais moins seule. A partir du moment où le réveil sonne, nous avons deux défis : avoir le temps de s’apprêter soi-même et réussir à gérer les gosses pour ne pas arriver en retard à l’école. Que nous soyons parents de un ou plusieurs enfants, selon certains matins, ces défis relèvent parfois du parcours du combattant. Dans notre famille Addams, Mister et moi avons très souvent l’impression que notre rythme cardiaque augmente à chaque passage des aiguilles des minutes sur l’horloge. Heureusement pour moi et malheureusement pour Mister, je pars très souvent à 7h00 du matin, heure du réveil des enfants.

Voici un réveil type dans notre famille.

6h00. Mon réveil sonne, je rappuie dessus, évidemment.

6h10. Mon réveil sonne à nouveau. Je me lève et saute sous la douche. Je m’habille ensuite avec les vêtements que j’ai choisi la veille. Je suis au moins organisée à ce sujet.

6h30. Mister se lève et prend sa douche. Je suis dans la cuisine, je prends mon petit déjeuner, je profite de ce silence qui ne va pas durer longtemps.

6h45. Je me maquille. Mister prépare les petits déjeuners des enfants.

6h50. Les hostilités vont commencer. Mister réveille Chouchoute, elle se réveille toujours gentiment avec le sourire. Il réveille ensuite Louloute ou plutôt Shreck. Au lieu d’un sourire, nous avons le droit à un grognement suivi d’un « non je veux pas aller à l’école, je suis fatiguée, laisses-moi dormir !!!! ». Tout ça en hurlant. Mister part donc habiller Chouchoute et en même hurle dans l’appartement des « Louloute lèves-toi !!! » toutes les 40 secondes. Ambiance Ambiance.

7h00. Je lève le camp, je fuis.

7h20. Louloute n’est toujours pas sortie du lit malgré Mister qui hurle depuis 30 minutes.

7h25. Madame Louloute a bien voulu nous honorer de sa présence en se levant. Pas la peine d’espèrer qu’elle soit de bonne humeur. Elle négocie de ne pas s’habiller pour différentes raisons en fonction de son pied gauche et cela varit chaque jour « je veux une jupe » « j’aime pas cette robe » « je ne veux pas m’habiller ». Ça pleure, ça chouine, nous sommes les plus méchants parents du monde entier.

7h35. Mister menace « je m’en fout je t’amène à l’école en pyjama » (et je sais qu’il le fera, elle aussi d’ailleurs). Louloute s’habille.

7h40. Louloute se met à déjeuner en quatrième vitesse. Mister essaie de finir de se préparer entre une Louloute qui tente quand même de prendre son temps à table et une Chouchoute qui explore tous les placards de la cuisine du haut de ses 17 mois.

7h45. Brossage de dents pour tout le monde.

7h50. Manteaux et négociation de Louloute « je veux amener mon livre à l’école » ou tout autre chose qui fait ralentir tout le monde.

8h00. Chouchoute est déposée à la crèche.

8h15. Louloute est déposée à l’école.

8h20. Mister est en sueur et sous tension. Moi je suis contente d’être déjà au travail.

Et vous, c’est aussi la course le matin ?

Jul’

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La mère que je ne veux pas être et celle que je serai

Depuis cinq ans et demi j’apprends à être une maman, oui il n’y a pas de mode d’emploi on apprend sur le tas. Certains parents sont dans ce qu’on appelle « la reproduction », à savoir reproduire l’éducation que leur ont inculqué leurs propres parents. Pour ma part, je souhaite apprendre certaines valeurs que mes parents m’ont transmis mais je ne souhaite pas tout reproduire. Je ne serai pas la meilleure des mamans, je ne serai pas parfaite mais je ferai le maximum pour être présente et les épauler tout au long de leurs vies. Je n’attends pas de reconnaissance de leur part, je risquerai d’être déçue, tous les enfants reprochent beaucoup de choses à leurs parents quoiqu’il en soit. Mais avec cet article j’ai au moins une preuve écrite pour elles que j’aurai fait de mon mieux. 

Cette mère que je ne veux pas être :

Une mère qui impose ces choix. Je vous épaulerai dans vos choix, vos orientations scolaires et professionnels, dans la mesure du possible (surtout financièrement), même si ces choix me paraissent farfelus (jongleuse dans un cirque, dresseuse de dauphin…) ou bien même si les débouchés sont difficiles, je vous aiderai. Je ne tiendrai pas de discours type « Ah non, faut surtout pas faire ce genre d’études, ce n’est pas pour toi ». Non, se tromper c’est aussi apprendre, et puis si ce sont vos envies alors je vous ferai confiance.

Une mère possessive. Je vous soutiendrai si vous voulez faire des études à l’étranger ou bien faire « fille au pair ». Je n’essairai pas de vous retenir par le simple prétexte que la distance entre nous me fendrait le coeur. Je ne veux pas que vous regrettiez cette expérience. Je vous laisserai voler de vos propres ailes, même si le manque de votre présence sera terrible. On ne fait pas des enfants pour les garder toute sa vie près de soi.

Une mère blessante. Les disputes sont monnaie courante dans une famille. Je ne romprai jamais les liens qui nous unit même si nous avons de grands désaccords ou que certaines attitudes ont pu blesser. Je ne dirai jamais à mes filles « C’est terminé, je préfère qu’on ne se voit plus ». Je ne briserai jamais le coeur de mes filles en tenant un discours indigne d’une mère. Je ne renierai jamais mes filles.

Une mère aveugle. Je ne fermerai pas les yeux. Je vous protégerai de toutes les personnes qui peuvent vous faire du mal. Je ferai tout pour vous éloigner des personnes néfastes, peu importe le lien que je puisse avoir avec.

Une mère manipulatrice. Je ne ferai jamais de chantage affectif et ne vous utiliserai jamais comme arbitre dans les disputes parentales.

Une mère fermée. Il n’y aura pas de tabous, mes filles pourront me parler de tout. Je préfère qu’il y ait une bonne communication et pouvoir répondre à vos questions. Je veux que vous puissiez avoir confiance en moi.

Une mère morose. Je ferai en sorte qu’il y ait de la musique dans notre vie, que vous puissiez organiser des fiestas à la maison comme j’ai pu le faire.

Une mère assistée. Rien est acquis dans la vie. Je vous apprendrai que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, que tout se mérite, ne pas dépendre des autres financièrement et affectivement.

En revanche, je serai celle-ci :

Celle qui courera après les heures de cours de danse, les répétitions, les spectacles et qui applaudira à chaque fois avec une larme à l’oeil. Puis après votre passage, souhaitera se barrer vite fait de la salle car les danses des enfants des autres, bah je m’en fout un peu comme tous les autres parents.

Celle qui se pliera en quatre pour organiser vos goûters d’anniversaire et fera en sorte que vous puissiez assister à tous les anniversaires de vos amis.

Celle qui vous apprendra la tolérance, à ne pas se moquer de la différence.

Celle qui vous consolera quand vous aurez un chagrin, et qui ira péter la tronche du petit copain.

Celle qui tiendra toujours ses promesses car il n’y a rien de pire que de ne pas respecter sa parole auprès de son enfant.

Celle qui ne vous mentira pas.

Celle qui sera relou sur les devoirs, les heures de repas et de coucher.

Celle qui donnera raison à la maîtresse si vous avez fait une connerie.

Celle qui vous lira les histoires le soir, qui vous chantera une dernière berceuse avant de vous coucher, jusqu’à ce vous me disiez « C’est bon maman, on n’a plus 5 ans ! ».

Celle qui rigolera de vos blagues à deux balles.

Celle qui fera tout pour que vous ne manquiez de rien, surtout pas d’amour.

Celle qui prendra du temps pour jouer ou sortir avec vous. Je vous ferai passer avant mon travail, avant mes propres sorties (mais pas toutes hein faut pas déconner), vous êtes ma priorité.

Celle qui tentera de vous faire aimer la cuisine (même si c’est pas toujours réussi) en enfilant ensemble nos tabliers.

Celle qui reconnaîtra ses erreurs et saura dire « pardon ».

Celle qui vous dira « Je t’aime » jusqu’à la fin de mes jours.

Jul

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Le geste de Gwenn qui a sauvé la vie

C’est l’été et c’est d’actualité. Nous ne le dirons jamais assez : ne laissez jamais vos enfants sans surveillance dans l’eau que ce soit à la piscine, à la mer ou dans le bain, même deux minutes. Combien de fois je répète à ma mère quand je lui confie ma fille pendant les vacances : « Surveilles-la bien, ne la lâche pas des yeux et reste à côté d’elle dans la mer ». Je sais qu’elle en a marre que je lui dise tous les jours mais je préfère prévenir que guérir. Le récit de Gwenn, ci-dessous, est saisissant. Elle a été témoin d’une noyage, mais elle a également était actrice du sauvetage de cet enfant. A la lecture de cette histoire, je me suis posée, et me pose encore, la question de savoir si j’aurais réussie à réagir comme elle sans perdre mes moyens. Ce texte m’a choqué et sensibilisé. Bonne lecture !

« Vendredi 27 juin 2014 en après-midi. Nous sommes à la pataugeoire du parc Lafond à Montréal, V. (le petit garçon dont je m’occupe), François (mon conjoint) et moi. Clara, ma fille, est chez Ève, sa tante. Nous sommes sur le bord de l’eau lorsque François me signale les cris de la sauveteuse indiquant un accident. Je regarde à l’endroit qu’elle pointe juste en face, traverse la piscine et aperçois un enfant dans les bras d’une sauveteuse hurlant « Appelez 911 ! Appelez 911 ! ». Je regarde s’il y a du sang. Pas de sang. Je regarde le visage de l’enfant, il est presque bleu. Il est inconscient et mou. Je me dis qu’il est en train de se noyer. Je le prends dans mes bras, le tourne dos à mon ventre, presque parallèle au sol et, à plusieurs reprises, presse fort son ventre contre moi (méthode Heimlich plus ou moins). En fond sonore j’entends « Mettez-le à terre ! Allongez-le sur le dos ! Pressez au niveau du cœur ! Plus haut ! Faites-lui du bouche-à-bouche ». Je continue mon mouvement quelques secondes. L’eau sort. Beaucoup d’eau. Et un peu de nourriture aussi. J’entends « C’est bon il a vomi ! Il pleure ! » On me le prend des bras. Sa mère, qui jusqu’à présent hurlait et sautait, est presque évanouie au sol. Les gens lui crient de ne pas s’évanouir, lui jettent de l’eau au visage. Un homme va même jusqu’à lui mettre des claques assez fortes. Je lui somme de s’arrêter. Je demande qu’on me passe une serviette pour qu’elle puisse s’étendre et poser sa tête. Je lui parle tout bas, lui caresse le front, l’informe que son fils est vivant et qu’elle peut aller le voir. Les personnes présentes l’aident à se déplacer. Elle se retourne et me signale alors qu’elle a un autre enfant plus loin, un bébé. Le poupon en question semble entre de bonnes mains, une femme présente avec ses enfants s’occupe de lui. Un peu plus tard il sera reconduit à sa mère. François me rejoint avec V., me félicite, m’embrasse. J’explose en larmes.

Pas certaine que c’est la voix de la sauveteuse que j’ai entendue durant mon intervention, je me dirige vers elle et lui demande si c’était bien elle qui était à mes côtés. Elle me répond que oui, mais qu’elle n’a rien pu faire car la mère lui a pris l’enfant des mains, qu’elle ne pouvait pas le mettre au sol. Elle a les larmes aux yeux. S’agissant d’un étouffement par l’eau, d’une suffocation, je m’interroge quant à la pertinence d’un massage cardiaque, d’un bouche-à-bouche… Je n’arrive pas à comprendre ses arguments. Je m’énerve après elle, je demande à François que l’on s’en aille. La pataugeoire est évacuée.

Nous restons au parc. Je réalise alors ce qui vient d’arriver ; j’ai sauvé la vie d’un petit garçon… François avertit la police que s’ils souhaitent me parler je suis disponible. Je rejoins les ambulanciers, pompiers et policiers. J’attends quelques minutes. Durant ce moment, la mère du garçon me demande si je peux emmener son bébé, conduire sa voiture et suivre l’ambulance jusqu’à l’hôpital, pour qu’elle puisse être dans l’ambulance auprès de son petit garçon. Malheureusement je n’ai pas le permis de conduire… S’ensuivent une énumération de plusieurs possibilités : soit elle me confie son bébé, soit, en état de choc, elle suit l’ambulance, soit il faut trouver un moyen de mettre le siège-auto dans l’ambulance, soit un autre ambulancier prend le bébé avec lui… La policière souhaite alors me voir. Je lui narre mon récit. Elle ne semble intéressée que par la part de responsabilité de la mère du petit garçon et par son stylo qui bave sur sa main… Devant le manque de réponses que j’ai à lui fournir, elle écourte la discussion. Ce sera elle, finalement, qui emmènera le bébé à l’hôpital, réalisant qu’elle n’a pas besoin de la base pour installer le siège-auto dans son véhicule.

Oui je suis en colère après la sauveteuse, parce que c’est son métier, elle est formée et embauchée pour ça ! Oui j’ai de la misère à comprendre le comportement des gens lors de tels drames ! Parce que j’avais peur de passer pour une vantarde qui veut se faire mousser et se rendre intéressante, parce que je ne suis pas encore tout à fait certaine que sans moi ce petit garçon serait mort (et je ne veux pas de réponse à cette question) je n’étais pas certaine de vouloir exposer publiquement cette expérience. Après coup, je pense que l’écrire, la relire plus tard, la partager, échanger à ce sujet me fera du bien. Parce que ce soir je me sens un peu bizarre et aussi parce que je suis fière de moi.

Je remercie Educasoins pour le fabuleux cours de premiers secours que j’ai suivi il y a quelques mois. Je remercie les personnes qui ont compris que le petit garçon ne s’est pas mis à vomir et cracher l’eau de ses poumons de façon magique et qui sont venues me remercier, m’embrasser, me féliciter. Je remercie mon amoureux de me traiter en héroïne depuis quelques heures. Je remercie Ève pour les paroles et le Magnum réconfortants. Je suis heureuse de m’être écoutée, d’être restée centrée sur mes observations et connaissances. Je suis heureuse de m’être fait confiance. Je suis heureuse que ce petit garçon soit vivant. J’espère qu’il ira bien par la suite, et qu’il vivra heureux auprès de sa famille. Je suis heureuse parce que, au-delà de la peur que j’ai eue pour cet enfant, d’être témoin de cet événement, j’ai ressenti une telle empathie pour cette maman que je suis heureuse pour elle qu’elle n’ait pas à vivre l’innommable peine que représente la perte d’un enfant. En accompagnant ma fille dans son sommeil ce soir, je lui ai dit qu’aujourd’hui, avec le jour de sa naissance, j’ai fait la chose dont je suis le plus fière de mon existence.

C’était il y a un an. Quelques jours après avoir écrit ce texte j’ai eu des réponses à mes questions. Notamment en ce qui concerne les gestes appropriés à poser sur une personne noyée. Il est effectivement préconisé de l’étendre au sol, de lui faire un massage cardiaque et de ne pas la faire vomir. Ayant réalisé que je n’avais pas posé les bons gestes j’ai eu beaucoup de difficultés à m’endormir les jours suivants. Un ami m’a conseillé d’aller en parler aux pompiers du quartier. Ce que j’ai fait. Ils ont été extrêmement rassurants. Ils m’ont conseillé de ne jamais me laisser dire que je n’avais pas bien fait. Si je n’étais pas intervenue, ce petit garçon serait sans doute mort. Mon geste, aussi maladroit soit-il, l’a sauvé. En le renversant, en le mettant face au sol dans mes bras et en appuyant vivement sur son abdomen j’ai relancé son cœur si celui-ci s’était arrêté. En faisant sortir l’eau de son corps je lui ai permis de respirer à nouveau. Ils m’ont dit de ne jamais douter d’être fière. Le papa du petit garçon en question a indiqué sur Internet que la maman était en train d’allaiter son petit bébé hors de la piscine. Alors que l’an passé les sauveteurs de cette pataugeoire s’obstinaient à exclure de la petite piscine les parents ne portant pas de maillot de bain ainsi que les mères qui allaitent leur bébé, j’observe que cette année on nous fout la paix avec ça, et c’est beaucoup plus agréable et sécuritaire comme ça !« 

Et vous, comment auriez-vous réagi ?

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