En colère

Je crois que c’est bien le sentiment qui détermine Louloute ces deux dernières années. Elle est en colère après nous. Depuis que sa soeur est née, elle sourit moins, a toujours les sourcils froncés, elle est d’une insolence incroyable mais jamais en publique. Non en publique elle veut garder son visage d’ange, avoir une bonne image aux yeux des gens. Elle nous en veut de devoir partager notre amour, elle me le dit quasiment tous les jours. Pourtant elle aime sa soeur, mais elle aurait préféré être seule, enfant unique avec une attention exclusive.

Ce mois d’août a été particulièrement sportif avec elle. Elle a redoublé les crises de colère, à 6 ans elle se roule encore par terre (toujours en mode privé), elle a commencé à dire des gros mots et nous a confronté et répondu tout le temps. Elle sait comment nous énerver, elle sait comment démarrer la lutte et nous, pauvres imbéciles, nous plongeons à chaque fois dans son jeu. C’est très éprouvant, usant et déprimant car nous ne savons plus comment gérer son comportement. Nous avons essayer les discussions simples et posées, les hurlements, les punitions et privations, les fessées (je n’aime pas ça, pas du tout mais parfois ça part tout seul quand on est à bout), l’ignorance, la psychothérapie…. Elle nous met dans des états d’énervement si intense que parfois j’ai peur de rentrer chez moi, j’ai la boule au ventre et mes angoisses reviennent et me réveillent pendant mon sommeil. La gorge se noue, je culpabilise tant d’avoir ce rapport avec ma fille que j’aime tant.

Elle est en colère après Touille mais aussi déçue. Un soir en la couchant Louloute m’avoue toute triste « Tu sais maman, quand Touille était dans ton ventre, bah moi je pensais que quand elle sortirait elle serait plus grande, qu’elle aurait des cheveux longs bouclés et roux » (genre Mérida), je lui réponds donc « pourtant je te l’avais expliqué qu’elle serait toute petite, c’est pour ça que tu es en colère, tu es déçue ? », elle m’a répondu en pleurant « ouiiiiiii ». Elle a attendu durant neuf mois une petite soeur qu’elle avait idéalisé et il aura fallu deux années ensuite pour qu’il se passe des interactions intéressantes à ses yeux. Soit trois années d’attente, c’est très long pour une petite fille. Cette déception ne doit pas non plus excusée toutes les colères insolentes, mais disons que cette discussion m’a permis de mieux comprendre son état d’esprit. Elle a continué en pleurant « c’est pour ça que je ne voulais pas m’en occuper quand elle était bébé, je ne voulais pas la prendre, je ne voulais pas lui donner le biberon, je suis triste parce que je l’ai pas fait et maintenant c’est trop tard ». Ca m’a déchiré le coeur car il est vrai que j’aurais aimé qu’elle se sente plus concernée à l’époque mais je l’ai rassuré en lui disant qu’elles allaient partagé beaucoup d’autres moments.

Je sais bien qu’une vie de famille avec des enfants n’est pas un long fleuve tranquille et sera rythmée par de nombreuses crises, mais je ne vous cache pas être parfois à court d’arguments et démunie face à ce comportement. Je ne comprends pas toujours sa colère, j’ai parfois l’impression qu’elle nous déteste franchement. Puis quand elle s’aperçoit qu’elle est allée trop loin elle se fait plus douce mais j’en prends à chaque fois un sacré coup.

Et vous, votre enfant est en colère ?

Jul’

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