Je croyais qu‘avoir un enfant était une affaire de couples mais j’ai vite compris qu’apparemment cela concernait tous ceux qui m’entouraient, enfin disons que les gens se sentaient concernés par quelque chose qui ne leur appartenait pas. Vous l’avez remarqué vous aussi ? Cela commence d’abord par la fameuse question « alors vous le faites quand ce premier bébé ? Va falloir vous y mettre car l’horloge biologique… ». Véritable pression sociale, on se sent presque obligé de se justifier aux yeux de monde entier que pour l’instant c’est pas le moment car pas de fric, ou que on y pense mais on n’y arrive pas et cette question ne nous aide pas, ou que l’on n’en a tout simplement pas encore envie, ou pleins d’autres arguments qui nous concernent nous tout simplement.
Et une fois enceinte c’est le ballet du « je peux toucher ton ventre ? », quand seulement on vous le demande. Peut-être que cela porte chance de toucher une femme enceinte ? « Tu ne devrais pas manger cela. C’est pas bien de fumer quand on est enceinte, ton bébé n’a pas demandé à être dépendant comme toi, préserves-le. Moi, à mon époque, on ne faisait comme ceci. Tu sais il y a des femmes qui accouchent dans le désert et qui ne se plaignent pas ». Bon ça, c’est un échantillon de ce que j’ai pu entendre.
Je me souviens qu’à chaque grossesse j’ai eu le droit à des commentaires sur mon alimentation à la période des fêtes. « A mon époque, on ne faisait pas attention à la charcuterie, aux fromages, aux fruits de mer, on mangeait et tout se passait très bien ». A ma deuxième grossesse j’avais pété un câble face à ces remarques, j’avais expliqué que si aujourd’hui il y avait des règles ce n’était pas pour rien, que les médecins savaient certainement mieux que tous les gens réunis autour de cette table.
Idem pour la cigarette, oui ce n’est pas bien de fumer enceinte, et même tout court, mais ce n’est pas la peine de tenir des discours culpabilisants. C’était ma grossesse, mon corps, mon enfant. J’avais diminué ma consommation et j’en avais discuté avec ma gynéco. Malgré tout, il fallait que je me justifie auprès des autres. Ces mêmes autres qui n’hésitaient pas à me fumer sous le nez sans se poser de questions.
Quand bébé naît, il y a la fameuse question « Tu l’allaites ? ». J’ai choisi, pour des raisons personnelles, de ne pas allaiter. Alors quand Louloute est tombée malade la première fois j’avais le droit à des phrases du type « ah mais c’est normal, c’est parce que tu ne l’as pas allaité ». Donc c’est à cause de moi, à chaque petits microbes je vais devoir culpabiliser, c’est ça ? Personne ne se dit que cela peut être dû au fait que mon bébé est en collectivité. J’étais longtemps montrée du doigt car je ne voulais pas allaiter.
On en parle de l’alimentation de bébé ? « Tu ne lui fais pas des plats maison ? Tu devrais lui donner du pain. Il n’aime pas ta soupe il préfère la mienne. Il pleure ? C’est normal il a faim ». Pour mon premier bébé, je me laissais faire, je n’osais pas m’exprimer comme-ci je n’étais pas légitime, moi la maman débutante. Mais à force de remarques je perdais confiance en moi, en mon nouveau rôle de maman.
Après le premier bébé, il y a la nouvelle question et on la voit venir « bon et le deuxième tu le fais quand ? Oh c’est encore une fille c’est chouette mais c’est pas grave tu auras un garçon pour le troisième »… On s’arrêtera là pour notre part, et deux filles cela me va parfaitement.
La conception, la grossesse, la naissance et l’éducation ne nous concerne que nous ! Qu’on se le dise !
Et vous, vous avez remarqué que votre grossesse concernait aussi le monde entier ?
Jul’