On a fait un enfant – chapitre 1

A Louloute (ouai je me prends pour un écrivain)

J’ai toujours voulu avoir un enfant, pour moi, naturellement, il s’agissait du schéma social qu’il fallait suivre, je voulais un jour (lointain) avoir un enfant mais je n’en ressentai pas encore l’envie et le besoin. Jusqu’à ce jour… J’avais 27 ans, nous étions partis une semaine à Londres Mister et moi. C’était pour fêter le jour de l’an, 1er janvier 2009. Durant notre séjour, à deux reprises nous croisons une famille de touristes français avec deux enfants, dont une petite fille âgée certainement d’un an au plus dans sa poussette. Et là, pour la première fois je m’attendrissais devant un enfant. Oui car tout ceux qui me connaissent savent que les gosses et moi ça fait 10, 20, 40 … Bref c’est pas mon truc du tout. Mais cette fois-ci c’était différent, je ressentais une nouvelle sensation, une nouvelle émotion et surtout cela produisit un déclic en moi : je voulais un enfant

Nous sommes rentrés à Paris et cette idée ne sortait pas de ma tête. J’ai donc évoqué ce sujet avec Mister un matin. Et là ce fut la panique à bord :

– « Ah non on va attendre, je ne suis pas prêt, mais alors pas du tout. Tu te rends compte j’ai 24 ans ! je ne vais quand même pas être père avant 25 ans !!! »

– « Bah t’inquiètes pas pour ça, tu auras 25 ans dans 6 mois, donc je doute que tu sois père dans ce laps de temps… »

– « On en reparlera, mais là non ».

Bon ok, on en reparlera mais pas dans 1 an. Sans mettre de pression, sans trop en parler, j’ai attendu que Mister soit prêt.

Et au bout de trois semaines, un soir, Heigh-ho, heigh-ho il rentre du boulot et m’annonce avec un grand sourire :

– « C’est bon je suis prêt ! »

– « Ah, c’est cool, mais comment tu as fait pour changer d’avis si vite ? »

– « J’ai des collègues au bureau qui m’ont convaincu (je suis ravie que moi ta femme n’y arrive pas), ils m’ont dit que c’était sympa d’être un jeune papa. Et puis  y a un collègue qui est venu avec son fils et c’était trop mignon ».

Ni une ni deux, j’arrête la pillule, on ne sait jamais il pourrait faire marche arrière.

Premier mois, je ne suis pas enceinte. J’appelle ma mère en pleurant :

– « Je dois avoir un problème, je ne suis pas enceinte, tu crois que je dois aller voir un doc ? »

– « Oui… dans un an et demi. Enfin, ça ne se fait pas comme ça. Tu consulteras si tu n’y arrives pas au bout d’un an si tu veux mais là franchement… »

Ok, j’essaie de ne pas me mettre la pression, mais pas du tout. Tu parles Charles. J’ai direct pris un calendrier, me suis armée de mon fluo jaune et j’ai colorié toutes mes périodes d’ovulation sur une année. Pas du tout stressée, non… A chaque période je disais à Mister : « bon là c’est le moment, faut s’y mettre pendant 3 jours comme ça on est sûr, ok !!!! » La réponse que j’ai eu ? : « Hey, je ne suis pas une machine moi ». Et comme cette technique ne marchait pas et que Mister m’engueulait car « c’est pas naturel là, tu me saoules avec tes zones en jaune fluo », j’ai laissé tombé, j’ai arrêté de calculer.

On était en mai. Je pars en week-end chez ma soeur à Nantes, pendant tout le week-end j’avais des douleurs dans le bas ventre. Nous rentrons à Paris, j’avais 4 jours de retard de règles. Le 4 juin 2009, le matin avant de partir au taf je fais un test de grossesse. Mister dort. J’attends, hyper impatiente de connaître le résultat, le test était posé sur le rebord de la baignoire. Je regarde au bout de deux minutes. C’est positif !!!!

Je cours dans la chambre avec le test en main, je le colle sous le nez de Mister qui dort encore (mmmh sympa pour un réveil) : « Je suis enceinte ! ». Il lève un oeil : « oh c’est formidable » et se rendort. Il ne réalise pas encore. Heureuse, je pars au boulot, dans le métro j’ai déjà l’impression d’avoir changée, j’ai la sensation que n’importe qui peut le lire sur mon visage, que c’est une évidence. Je suis enceinte et ma vie va bientôt changer. Dans le métro je reçois un texto, c’est Mister : « je t’aime ».

Cette première grossesse était la découverte de sensations nouvelles : l’odorat développé (les gens sentaient encore plus mauvais dans le métro), les goûts alimentaires qui changeaient (je deteste la viande rouge et adore le poulet, là c’était l’inverse), la prise de poids (15kg, roh ça va hein), ne plus arriver à se tourner dans le lit pour changer de côté (obliger de taper dans les côtes de Mister en pleine nuit pour qu’il me roule de l’autre côté) et autres joies de la grossesse. J’ai dû être arrêtée à 6 mois car ma fille était hyper basse. Outre la prise de poids (je ressemblais à un rubik’s cube sur la fin) je n’arrivais pas à me déplacer. Je n’ai jamais marché aussi lentement de ma vie. J’attendais Mister le soir pour qu’il m’aide à faire un tour du pâté de maison (comme les clébards lol).

Durant cette grossesse je perds mon père. 15 jours avant l’accouchement.

Le 5 février, tôt le matin j’ai des contractions mais je ne m’inquiète pas. L’hôpital m’a demandé de ne pas venir tant que je n’ai pas des contractions toutes les 5 min depuis 2h. Ok, moi c’est toutes les 15 min. Et toute la journée. Ma mère me dit, à 19h, d’appeler quand même la maternité. Je les appelle et on me demande d’arriver en vitesse. Bah oui, j’étais en plein travail, 3h de plus et j’accouchais à la maison.

Ma cops, enceinte jusqu’au yeux comme moi, était là ce jour là, elle était passée me voir. Mister arrive à la maison à 19h et nous embarque toutes les deux, direction les urgences maternité. Arrivés là-bas, quand Mister a dit : « ma femme va accoucher », le personnel nous regardait ma cops et moi. Euh c’est pour qui ??? J’ai trouvé cette situation très drôle.

20h je suis en salle de naissance. Les contractions commence à me faire mal mais je gère. Mister me regarde souffrir et me demande : « Ca fait quoi exactement ? » Imaginez ma réponse aimable à ce moment grrrrrrrrrrrr. Puis péridurale. Comme on nous avait dit qu’il pouvait se passer minimun 6h avant l’arrivée du bébé, Mister et moi sommes venus avec des munitions : closer, voici, nintendos ds …

Pas le temps de finir les énigmes du professeur Layton, à 00h30 la péridurale commencait à ne plus faire effet et le col était complètement ouvert. C’est parti, ça va si vite qu’on n’a même pas le temps de réaliser que l’on va devenir parents dans les minutes qui vont suivre. Louloute est arrivée en 9 minutes sans difficulté. Quand on me l’a posée sur le ventre, c’était bizarre, mais j’avais peur de la regarder, c’était tellement nouveau, tellement inconnu, tellement étrange à la fois.

Mister pleurait, on était heureux (et nous le sommes toujours biensûr). Premier biberon (quoi tu n’allaites pas ??? han pas bien… fuck je fais ce que je veux). Première couche. Première nuit en tant que mère. Louloute a fait sa première nuit en nurserie, je devais me reposer, le décès de mon père avait déjà commencé par m’affaiblir. Le lendemain matin, on m’apporte ma fille. Je me souviendrai toujours de ce moment car c’est là que j’ai ressenti cette connexion avec mon enfant. J’étais allongée sur le côté droit, elle était dans son petit lit transparent la tête tournée vers moi, et nous avons échangé notre premier regard. C’était si intense en moi, j’ai compris qu’elle était et serait toute ma vie.

Tu es née un samedi 6 février 2010 à 00h49, tu as changée ma vie cette nuit là. Tu es née dans un moment très difficile de ma vie mais sans toi j’aurais mis des années à m’en remettre.

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2 Comments on On a fait un enfant – chapitre 1

  1. J’adore les « articles » écrits par Julie! Drôle, sensible et attachante, tu sais choisir les mots qui touchent le lecteur. Le 1er enfant, c’est chacun son histoire, la tienne est bien évoquée avec ton envie qui arrive subitement, l’hésitation de ton « Mister »…On se reconnait presque! J’attends le prochain avec impatience. Bises!

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