La connasse

En rentrant du boulot, à pieds, pour me diriger chez moi, j’ai croisé une minette de 20 ans. Elle marchait d’un pas déterminé tout en discutant au téléphone. Elle avait la peau blanche comme le lait, un poum poum short noir, des jambes sans cellulite, un petit top genre chemisier qui tombe sous les épaules et qui monte au dessus du nombril genre hippie, des lunettes à la John Lennon et un rouge à lèvres rouge pétant. Après l’avoir croisée, je me suis dit intérieurement « roh la connasse comment elle se la pète, attends avec son short à ras la salle de jeux, pfff c’est quoi cette tenue ». J’ai continué mon chemin, et là je croise deux petites nanas qui discutent, elles avaient trop de style dans leurs slim avec une petite veste en cuir « pfff elles sont jeunes, elles se la pètent trop ». Je tourne dans une autre rue et une autre nana déboule en robe longue moulante, j’ai eu le temps de voir que son ventre était plat et ses seins super bien fait comme des pommes « la connasse elle est trop bien foutue ».

Mais en arrivant devant un abri bus, ouf, je découvre qu’il y a une nana qui est ordinaire, avec la tête fatiguée comme moi, qui a l’air d’avoir la tronche de la mère qui court dans tous les sens… mais mais mais…. je la connais… elle me rappelle quelqu’un c’est fou…. ah bah oui je suis bête… c’est moi… dans le reflet de l’abri bus.

Bon bah j’ai pris un coup de maturité en fait. Parce que les filles que je décrivaient ci-dessus, les connasses, bah c’était moi il y a encore dix ans. Avec mes minis jupes, mes décolletés plongeant, le rouge aux lèvres, le ventre à l’air avec mon piercing (que je n’ai plus, merci la grossesse), vive le monokini, mes seins qui étaient au garde à vous (qui ont baissé les armes, encore merci la grossesse). Regardez la preuve en photo.

Bon j’arrête car Mister va dire qu’il y a eu erreur sur la marchandise et comme il n’y a pas de service après-vente… J’ai donc décidé de me ressaisir : je chausse dorénavant mes baskets, je pars courir, je remets du rouge pétasse sur mes lèvres et je change un peu mes fringues. Ce n’est pas seulement d’avoir croisé ces jolies jeunes filles qui m’ont fait dire « allé bouges toi », c’est aussi deux phrases de Louloute qui m’ont fait un peu réagir. L’autre jour, assises toutes les deux sur notre canapé, Louloute se penche vers moi, m’embrasse la joue, recule avec un petit air de dégoût et me dit  » ahhhhhhh maman, c’est bizarre quand on te fait un bisou, on dirait que tu as de la semoule sur la joue ». Voilà voilà. Non ma fille, c’est juste que je n’ai plus la peau lisse de mes 20 ans. Évidemment, j’ai pris rendez-vous chez la dermatologue et je suis repartie avec une tonne de crème dont une anti-ride.

Mon autre moment de désespoir, je l’ai vécu avec Louloute dans la salle de bain qui m’a dit « Plus tard maman, quand je serai grande, j’aurai des seins comme toi qui tomberont jusque là ». Alors le « jusque là », Louloute me l’a montré avec ses petites mains et les a placées juste au dessus du nombril. Du coup j’ai répondu « enfin Louloute, tu vois bien que mes seins ne tombent pas jusque là » « ah non tu as raison c’est plutôt jusque là », et elle a redescendu encore d’un cran ses mains… Je crois que je vais prendre rendez-vous avec le Docteur Benjamin Azoulay. Mince, je ne vais pas pouvoir, faut d’abord que je fasse les anges de la télé-réalité mais le problème c’est que j’ai fait des études… C’est compliqué d’avoir une belle poitrine.

En tout cas, ces petites minettes étaient très jolies, j’avais juste oublié que j’avais eu 20 ans et que dans la trentaine on peut encore se la péter aussi.

Et vous, vous aussi vous vous sentez hasbeen par moment ?

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