J’ai besoin de vous en parler, cela fait des mois, même des années que je veux écrire ces mots. Avant d’être enceinte de Louloute, j’imaginais que tout se passerait comme dans les films : des médecins à l’écoute, des sages-femmes et autre personnel médicale aimable, un séjour à la maternité en mode bisounours quoi.
Bah j’ai vite déchanté.
Habitant à l’époque le 15ème arrondissement de Paris, j’avais choisi d’accoucher à l’hôpital Necker. C’est à l’échographie des trois mois que j’ai compris que le personnel médical ressemblait plus à des robots, sans généraliser non plus. C’était l’échographie la plus importante à nos yeux car elle matérialisait vraiment visuellement notre premier bébé. Il y avait beaucoup de monde dans la salle d’attente, les rendez-vous s’enchainaient à une vitesse incroyable, c’était l’usine. Ce fut enfin notre tour, le médecin en charge de l’échographie n’est pas souriante et nous regarde à peine. Elle fait son examen, mesure tout ce qu’il faut et nous demande d’un air blasé, toujours en fixant l’image, « vous voulez connaître le sexe ? » « oui » « c’est une fille ».
Nous, heureux, nous sourions de bonheur. On parlait pour dire des choses un peu bébêtes tellement nous étions sur un petit nuage. Nous ne demandions pas au médecin de partager notre bonheur mais nous avions devant nous un mur, une froideur, un être humain qui ne ressentait aucune émotion et qui ne nous adressait aucun regard. De toute façon cinq minutes après nous il y avait un autre couple, et ainsi de suite, alors pas le temps de s’extasier sur tous les bébés, j’imagine…
Les rendez-vous de grossesse s’enchaînent durant ces 9 mois.
Je rencontre une sage-femme qui assurera mon suivi tout le long mais qui ne m’accouchera pas car elle ne fait que du suivi. Elle est à chaque fois avec une sage-femme étudiante, ce n’est jamais la même. Ce sera l’étudiante présente qui me fera mes examens, et pas en douceur. J’appréhendais ce genre d’examen douloureux mais ma sage-femme était très à l’écoute, je dois lui reconnaître ça.
Le jour de l’accouchement, j’arrive donc à l’hôpital. Une sage-femme, froide, m’examine et me dit que ce sera pour le soir. Elle n’est pas très avenante et souriante mais elle me rassure sur la suite des évènements. Je dois me faire poser la péridurale. L’anesthésiste en charge de me le faire est désagréable. Il trouve que ma colonne n’est pas droite et que ce n’est pas mentionné dans le dossier. Il me tient ce discours alors qu’il est prêt à me piquer. Je lui demande donc d’appeler la sage-femme pour qu’elle me tienne la main afin de me rassurer. Il s’offusque en me disant qu’il connait son métier et qu’il n’a besoin de personne. J’insiste, la sage-femme arrive. L’accouchement se déroule ensuite très bien.
Je suis épuisée, ma fille fait sa première nuit en nurserie.
Au petit matin, je la récupère, je lui donne son biberon, je la pose dans son lit après ses petits rots. Quelques minutes plus tard, je vois du liquide blanc couler de sa bouche. J’ai peur, je ne comprends pas, j’appelle le personnel. Arrive une femme désagréable qui me dit « c’est rien ça arrive, elle régurgite, c’est tout ! ». Et elle quitte la chambre. J’ai peur que ma fille s’étouffe en étant sur le dos. Je ne comprends pas pourquoi on ne m’informe pas plus. Je rappelle le personnel quand Louloute régurgite encore plus. Pour info, j’ai perdu mon père quelques jours avant et je suis dans un état psychologique déplorable. Cette même personne désagréable revient en me disant « non mais c’est bon, je vous ai déjà dit que ce n’était rien ! ». Je n’ai pas eu le courage de me plaindre de cette personne.
J’ai très mal vécu ce moment car j’avais peur de poser à nouveau des questions sur mes craintes.
Heureusement, un soir, dans ma chambre à la maternité, un des membres du personnel est entré dans ma chambre pour m’apporter mon repas. Elle m’a regardé bercer ma fille et m’a dit « c’est bien, vous vous débrouillez bien, regardez comme elle se calme dans vos bras ». Et bien je peux vous dire que ce compliment m’a fait un bien fou. J’avais l’impression d’être incomprise en tant que jeune maman et j’avais l’impression d’avoir à faire à des gens sans état d’âme.
J’aurais aimé être un peu chouchoutée pour ce premier passage à la maternité. C’est ce que chaque femme espère car c’est un moment si éprouvant, si magique, c’est tellement d’émotions entremêlées. J’ai trouvé que ce séjour à la maternité était très impersonnel.
Et vous, comment s’est passé votre séjour à la maternité ?
Jul’
NB : je dis personnel médical car je ne connais pas l’intitulé exact de la fonction de chaque personne que j’ai rencontré et je ne préfère pas dire de bêtises.